La préparation mentale, la clé du succès pour nos sportives de l’équipe de France féminine de handball.
La Boulangère renouvelle l’opération Le Goût du Hand pour soutenir la pratique amateure du handball féminin
Aurélie Bresson, présidente de la Fondation Alice Milliat, soutenue par la Fondation du Sport Français, valorise les initiatives et accompagne le financement du mouvement sportif féminin à l’aube d’une année centenaire pour le combat d’Alice Milliat. Experte de la communication et des médias dans le milieu sportif, Aurélie Bresson a fondé, en 2016, Les Sportives, premier magazine de sport féminin devenu une référence dans le milieu. Son objectif, donner de la visibilité au sport féminin.
Bonjour Aurélie Bresson, vous êtes à la présidence de la Fondation Alice Milliat ayant pour objet l’exposition médiatique et la promotion du sport au féminin. Vous êtes également fondatrice du magazine Les Sportives et avez récemment reçu les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite au nom de vos convictions et engagements… Quel beau palmarès !
Comment vous est venue cette envie de vous investir dans la visibilité du sport au féminin ? Est-ce dans votre parcours personnel ?
Au début, c’était vraiment une démarche professionnelle puisque je suis quelqu’un de très engagée dans le sport. J’ai toujours plus ou moins travaillé dans ce milieu, à travers des institutions comme le Tour de France, l’UNSS, l’UFOLEP (Union Française des Oeuvres Laïques d’Education Physique, ndlr), au sein de fédérations sportives. Puis, à force de participer à des conférences, des colloques, j’ai fait le constat de la sous-représentation du sport féminin.
Dès mes études à l’IUT de Besançon-Vesoul en Information et Communication, j’étais avec des handballeuses professionnelles et j’observais leur quotidien. Elles faisaient des sacrifices pour réussir. Par exemple, leur formation s’organisait en 3 ans plutôt qu’en 2 ans, elles préféraient ne pas venir au restaurant universitaire le midi mais plutôt aller en entraînement. Pour moi c’était déjà assez fou !
Ma passion et mon envie de travailler dans le sport se sont déclenchées à force d’observer leur quotidien. Ainsi, j’ai créé Les Sportives en 2016, qui est aujourd’hui bien plus qu’un magazine, mais un groupe média et d’édition dédié au sport féminin (media en ligne, podcast, …).
À titre personnel, je faisais de la gymnastique pendant 10 ans et mon père m’a demandé d’arrêter car il ne me trouvait pas assez féminine… Il m’a inscrite à des concours de miss, à des concours de beauté donc j’ai intégré une agence de mannequinat. J’ai eu un rapport au corps comme celui d’une femme jugée pour la performance, pour des critères de beauté. J’ai remarqué que le corps de la femme était finalement toujours sujet à revendication, à problème et qu’il devait toujours entrer dans des cases. Quand j’ai arrêté les concours de miss et de mannequinat, j’ai repris le sport pour me sentir libre. Je me suis rendue compte que les femmes devaient avoir cette liberté, pouvaient s’affirmer sportives mais aussi que la société devait les reconnaître femmes sportives ET femmes féminines à part entière.
Comment le sport, et notamment votre pratique de la gymnastique, ont-ils contribué à façonner la femme que vous êtes aujourd’hui ?
Mon goût pour le sport s’est façonné grâce à mes parents qui ont été dans le mouvement sportif et engagés bénévolement depuis toujours : ils ont créé des associations, ils m’emmenaient faire des soirées pour refaire le monde et préparer les compétitions les week-ends (rallyes, automobiles, …) Ils ont beaucoup donné d’eux-mêmes par passion et conviction, et je tiens ça d’eux ! Cela a façonné ma vision du sport notamment humaniste, que je veux égalitaire et inclusive.
La gym a permis de construire la femme et l’entrepreneure que je suis devenue. Je me souviens, lors d’une compétition, je suis tombée plusieurs fois, je me suis éraflée, brûlée, j’en ai eu marre, et pourtant il fallait que j’aille, au bout de cet enchaînement, que je termine par saluer le jury et que je sorte du praticable.
Aujourd’hui, c’est resté une philosophie de vie. Si dans la vie je me plante – et je sais que je vais me planter – je vais au moins essayer et aller au bout des choses. Et si ce n’est pas la bonne voie, ça en sera une autre !
Très belle philosophie ! La Fondation Alice Milliat porte le nom d’une icône du sport féminin, quel en est le symbole pour vous ? Pourquoi ce choix ?
Je suis présidente de la fondation Alice Milliat depuis 3 ans et, même avant cela, j’étais déjà impliquée dans la fondation puisqu’elle a vu le jour en même temps que Les Sportives. Nous avons beaucoup collaboré sur la projection du sport féminin utopiste, celui que l’on voulait pour demain et c’est ainsi que, de fil en aiguille, la présidence m’a été proposée.
J’ai appris à découvrir Alice Milliat à travers la fondation. Je me suis beaucoup retrouvée en elle, comme une femme qui n’a pas lâchée, et qui voulait tracer la voie. Elle avait une démarche féministe mais non intégriste. Bien sûr, elle a été portée par le mouvement féministe de l’époque, bien avant les années 68 !
Pour autant, Alice Milliat n’a jamais remis en question la place de la femme (dans le sens être une bonne mère au foyer, être une femme accomplie, enfanter, être une bonne femme pour son mari…). Elle n’a jamais remis en question le système de l’époque mais s’est battue pour que la femme puisse s’affirmer sportive, faire du sport sans performer, montrer qu’elle pouvait aller au bout d’elle-même et s’émanciper.
Selon moi, c’est une belle philosophie de vie : avancer sans écraser les autres. Il n’y a aucun récit, aucun témoignage d’Alice Milliat qui écrase Pierre de Coubertin ou d’autres hommes de l’époque. Elle était plutôt dans une démarche de valorisation des sportives, qu’elles s’installent dans la société dans une démarche inclusive et non-revendicatrice ou extrémiste. Comme Alice Milliat, on ne veut pas révolutionner la société, on veut que les femmes ne soient plus les éternelles oubliées et qu’elles puissent aussi prendre leur place grâce au sport.
Que pensez-vous que l’avenir réserve au sport au féminin, et quelles sont vos aspirations à cet égard ?
Alors là grand sujet ! Je reste une grande sceptique, je ne suis pas sociologue, je ne suis pas historienne, mais j’ai parfois l’impression qu’on fait trois pas en avant et quatre en arrière… Il faudrait un mouvement de fond. À travers les décennies, il y en a eu quelques athlètes qui se mobilisaient, aujourd’hui ce sont toutes les femmes et les sportives qui font entendre leur voix sur des sujets très divers.
Les femmes se positionnent, veulent s’engager. Il y a une sororité, qu’il n’y avait peut-être pas assez avant, une prise de conscience de la part des femmes et des sportives : elles peuvent incarner, être un symbole, être des modèles !
Nous avons encore de grands défis à relever sur le sport féminin, sur l’égalité des salaires, sur la représentation dans les médias. Pour moi, le sport féminin aujourd’hui ne vend pas encore assez de rêve. Il y a beaucoup de belles promesses, de bonne volonté mais il n’y a pas assez de concret en termes de prise de position politique, au niveau du mouvement sportif, associatif, privé et public.
Quels sont les principaux défis auxquels les femmes sont confrontées dans le monde du sport ?
Je dirais que, par essence, – et c’est prouvé à travers l’histoire d’Alice Milliat – la femme n’avait pas l’espace pour la performance. Encore aujourd’hui, la performance est résumée aux hommes. Cela reste à la marge pour les femmes. qui restent, en France, sur une démarche de sport-loisirs, de sport à la carte, de sport bien-être.
Les grands défis du sport sont de montrer aux femmes que l’espace de compétition, l’espace public, peut aussi être conquis par elles. Aujourd’hui nous sommes encore sur un système très masculin, un espace très genré qui ne laisse pas encore ce pouvoir aux femmes. 90 % des structures sportives recensées ne possèdent pas de nom, ou un nom neutre (celui du lieu, de la ville). Parmi les structures ayant un nom genré, le masculin l’emporte à 91%. Les noms féminins représentent seulement 8,30%. Seules 181 installations portent le nom d’une sportive, soit 0,17 % des installations. [1].
Le défi n’est pas sur le nom et la toponymie des équipements sportifs mais il est plutôt sur la conquête de l’espace. Dans le rapport du haut conseil de l’égalité entre les femmes et les hommes[2], on y lit que 95% des personnes occupant les City stades, notamment en Île-de-France, sont des hommes. Dans cette étude, il est mis en avant qu’il y avait une vraie stratégie d’évitement de la part des femmes, pour ne pas être confrontée à des actes et des propos sexistes. 55% des femmes renoncent à sortir et à faire des activités seules et plus de 50% renoncent à s’habiller comme elles le souhaitent. C’est donc un grand défi pour ces femmes, qu’elles ne soient plus dans une stratégie d’évitement mais dans une stratégie de conquête. Cela passe par faire des activités seules en toute sécurité, s’habiller comme elles le souhaitent et s’exprimer librement à travers le sport.
Lors d’une précédente interview, nous avons questionné Béatrice Barbusse, ex-sportive de haut niveau, la première femme à avoir présidé en France un club de handball pro masculin, tous sports Co confondus, vice-présidente déléguée de la fédération de Handball et sociologue du sport : « La parité devrait être atteinte aux JO 2024 avec 50 % d’athlètes femmes. Pensez-vous que l’égalité femmes-hommes dans le sport implique qu’on prenne en considération uniquement des éléments quantitatifs ? ». Qu’en pensez-vous ?
Les Jeux paritaires de Paris 2024 sont une très belle symbolique. La carte mise sur table pour jouer cette symbolique, c’est la mixité. C’est une entrée très intéressante et positive.
L’homme et la femme sont dans un même registre. Mais en même temps, il pourrait y avoir des freins dans le sens où la pratique mixte peut induire que la performance de la femme sera sous-estimée par rapport à la performance de l’homme.
Donc oui, nous pouvons parler de parité concernant les athlètes, mais pas totalement concernant la sécurité, l’arbitrage, tout ce qui est autour de l’écosystème sportif, et même sur la gouvernance…
Globalement, c’est une première marche, mais il y en a encore pas mal à gravir pour avoir une égalité parfaite, ou une équité aux Jeux Olympiques.
La Boulangère s’est récemment lancée dans le soutien des clubs amateurs de handball avec le dispositif « Le Goût du Hand » en fournissant, à des clubs proches de nos sites de fabrication, leurs équipements, ainsi qu’un goûter d’après match. D’après vous, y a-t-il une différenciation de vitesse lorsque l’on parle de sport amateur féminin et de sport féminin de haut niveau ?
Oui en effet, c’est important de le montrer. J’aime à dire que, dans le sport féminin (et je pense que Béatrice le dit aussi), en termes de communication ce qui n’est pas visible n’existe pas. Et si le sport féminin est qualifié de sport « féminin », c’est déjà pour le faire exister.Si on ne montre pas, par la performance et la promotion, que les femmes peuvent faire de la boxe en étant féminines, peuvent avoir de beaux ongles, être handballeuses et mettre des faux-cils, pouvoir se maquiller sur le terrain, être des Warriors… le risque est que les femmes ou petites filles se disent « si on ne le voit pas, c’est que cela ne doit pas exister et donc que ça n’est pas possible ».
Il est important de se questionner, y a-t-il des femmes arbitres ? Oui, il y a Stéphanie Frappart, arbitre de football française mais aussi les sœurs Bonaventura dans le handball… Le fait de les rendre visibles, de montrer qu’il y a des femmes arbitres, cela peut donner envie, à des petites filles ou à toute femme qui aiment bien le handball, de devenir arbitre. Elles ouvrent la voie.
Pouvez-vous partager des exemples de réussites inspirantes de femmes dans le sport, que ce soit en tant qu’athlètes, entraîneurs ou dirigeantes ? Avez-vous des recommandations/des exemples de femmes dans le sport qui vous inspirent, et expliquer ce qui les rend exceptionnelles ?
J’en ai tellement ! [rires]
Si nous parlons handball, celle qui me vient tout de suite, c’est Melvine Deba. C’est une superbe joueuse, qui s’investit en dehors des terrains dans la conception manuelle de tapis, qui prépare un bouquin. Je la trouve incroyable, tant spirituellement qu’intellectuellement, mais aussi sur les terrains de hand. C’est une très belle réussite de sportive accomplie.
Si on parle Jeux Olympiques, je pense à Sarah Ourahmoune et Estelle Mossely, boxeuses françaises qui ont participé aux JO 2016 à Rio. C’était la première fois que la boxe était visible et intégrée dans les Jeux Olympiques et nos Françaises ont été sacrées championne olympique et vice-championne olympique ! Cela a permis, dès la rentrée, à de nombreuses jeunes filles de s’inscrire à la boxe.
Et la question bonus, pour vous, c’est quoi prendre du Temps pour Soi ?
Alors, prendre du temps pour soi… On me dit souvent « tu ne prends pas assez de temps pour toi… ». À l’Ordre National du Mérite, lors de ma remise de médaille, même dans le discours de la ministre ce qui revenait c’est « Aurélie, tu ne te reposes jamais ».
C’est vrai qu’avoir quitté Paris l’année passée, vivre en province, me fait trouver cet équilibre de respiration, de pouvoir retourner dans la forêt, de pouvoir courir en plein air. Je m’impose ce temps pour moi, je m’impose le Miracle Morning tous les matins, je m’impose d’avoir des temps de méditation aussi.
Lorsque l’on est engagée et passionnée, on peut vite se faire embarquer dans une spirale qui ne s’arrête pas, avoir envie de toujours faire plus … Et c’est mon cas ! Plus je donne, plus j’ai envie de donner. Et plus je fais, plus j’ai envie de faire.
Et pour le coup, prendre du temps pour moi m’est devenu prioritaire dans la mesure où, à 35 ans, j’ai envie de trouver un certain apaisement. Le temps pour soi, je l’apprends. Je pense que cela s’apprend autant qu’on apprend sur soi. C’est désormais devenu mon mantra de me dire « si tu te sens bien, tu feras forcément du bien autour de toi et les choses évolueront toujours très positivement ».
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Dimanche 30 juin à 14h locales soit 20h (HF), Amélie Grassi s’élancera pour sa première Transat Québec Saint-Malo. À la veille du départ, l’excitation monte alors que le Class40 est amarré au cœur de la ville canadienne.
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La Boulangère et la Ligue Féminine de Basketball (LFB) annoncent un partenariat exceptionnel de trois saisons. Initié et orchestré en collaboration avec les équipes d’Infront France, cet accord historique comprend notamment le premier naming de la division d’élite du basket féminin français qui deviendra, à partir de septembre 2024, La Boulangère Wonderligue.